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Les Poèmes de Rhaba Balarmi

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Les Poèmes de Rhaba Balarmi Empty Les Poèmes de Rhaba Balarmi

Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:22

(une adapatation libre des vers de Victor Hugo dans ses Orientales.)


Courtisane

Nous emmenions en esclavage
Nous recrutions pour le betnazar

On aborde un couvent sur Vednoïa
À nos yeux s'offre tout d'abord
Une fille du grand monastère.
Prés des fontaines, sourde à leurs rumeurs,
Elle dormait sous un ebel...

La belle fille, il faut vous taire,
Il faut nous suivre. Il fait bon vent.
Ce n'est que changer de couvent.
Le harem vaut le monastère.
Sa hautesse aime les primeurs,
Nous vous ferons courtisane...

Elle veut fuir vers sa chapelle.
Osez-vous bien, fils de Najam?
Nous osons, dit le capitaine.
Elle pleure, supplie, appelle.
Malgré sa plainte et ses clameurs,
On l'emporta sur l'Ankar...

Plus belle encor dans sa tristesse,
Ses yeux étaient deux talismans.
Elle valait mille komans ;
On la vendit à sa hautesse.
Elle eut beau dire : Je me meurs !
De nonne elle devint sultane...


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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:23

Des cités

J'aime ces tours vermeilles,
Ces drapeaux triomphants,
Ces maisons d'or, pareilles
À des jouets d'enfants ;
J'aime, pour mes pensées
Plus mollement bercées,
Ces bâtisses balancées
Au dos des betnazars

Dans ce palais de djinns,
Mon coeur, plein de concerts,
Croit, aux voix étouffées
Qui viennent des déserts,
Entendre les génies
Mêler les harmonies
Des chansons infinies
Qu'ils chantent dans les airs !

J'aime de ces contrées
Les doux parfums brûlants,
Sur les vitres dorées
Les feuillages tremblants,
L'eau que la source épanche
Sous les minarets blancs.

J'aime en un lit de mousses
Quand mes compagnes douces,
Du pied rasant le sol,
Légion vagabonde
Où le sourire abonde,
Font tournoyer leur ronde
Sous un rond parasol.
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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:25

Najam en furie

La nuée éclate !
La flamme écarlate
Déchire ses flancs,
L'ouvre comme un gouffre,
Tombe en flots de soufre
Aux palais croulants,
Et jette, tremblante,
Sa lueur sanglante
Sur leurs frontons blancs !

De quel brûlant dôme
Vos murs sont couverts !
L'ardente nuée
Sur vous s'est ruée,
Et ses larges gueules
Sur vos têtes seules
Soufflent leurs éclairs !

Ce peuple s'éveille,
Qui dormait la veille
Sans penser à Dieu.
Les grands palais croulent ;
Mille chars qui roulent
Heurtent leur essieu ;
Et la foule accrue,
Trouve en chaque rue
Un fleuve de feu.

Sur ces tours altières,
Colosses de pierres
Trop mal affermis,
Abondent dans l'ombre
Des mourants sans nombre
Encore endormis.
Sur des murs qui pendent
Ainsi se répandent
De noires fourmis !

Se peut-il qu'on fuie
Sous l'horrible pluie ?
Tout périt, hélas !
Le feu qui foudroie
Bat les ponts qu'il broie,
Crève les toits plats,
Roule, tombe, et brise
Sur la dalle grise
Ses rouges éclats !

Sous chaque étincelle
Grossit et ruisselle
Le feu souverain.
Vermeil et limpide,
Il court plus rapide
Qu'un betnir sans frein ;
Et l'idole infâme,
Croulant dans la flamme,
Tord ses bras d'airain !

Il gronde, il ondule,
Du peuple incrédule
Bat les tours d'argent ;
Son flot vert et rose,
Que le soufre arrose,
Fait, en les rongeant,
Luire les murailles
Comme les écailles
D'un Inzar changeant.

Il fond comme cire
Pierres du tombeau,
Ploie, ainsi qu'un arbre,
Le géant de marbre
Qu'ils nommaient Mohajésir,
Et chaque colonne
Brûle et tourbillonne
Comme un grand flambeau.

En vain quelques mages
Portent les images
Des Dieu du haut lieu ;
En vain leur roi penche
Sa tunique blanche
Sur le soufre bleu ;
Le flot qu'il contemple
Emporte leur temple
Dans ses plis de feu !

Plus loin il charrie
Un palais, où crie
Un peuple à l'étroit ;
L'onde incendiaire
Mord l'îlot de pierre
Qui fume et décroît,
Flotte à sa surface,
Puis fond et s'efface
Comme un glaçon froid !

Le grand-prêtre arrive
Sur l'ardente rive
D'où le reste a fui.
Soudain sa tiare
Prend feu
Et pâle, ébloui,
Sa main qui l'arrache
À son front s'attache,
Et brûle avec lui.

Le peuple, hommes, femmes,
Court... Partout les flammes
Aveuglent les yeux ;
Des cités-betnazars mortes
Assiégeant les portes
À flots furieux,
La foule maudite
Croit voir, interdite,
L'enfer dans les cieux !

Le feu fut sans pitié ! Pas un des condamnés
Ne put fuir de ces murs brûlant et calcinés.
Pourtant, ils levaient leurs mains viles,
Et ceux qui s'embrassaient dans un dernier adieu,
Terrassés, éblouis, se demandaient quel dieu
Versait un volcan sur leurs villes.

Contre le feu vivant, contre le feu divin,
De larges toits de marbre ils s'abritaient en vain.
Dieu sait atteindre qui le brave.
Ils invoquaient leur prophète ; mais le feu qui punit
Frappait ces colosses muets dont les yeux de granit
Soudain fondaient en pleurs de lave !

Ainsi tout disparut sous le noir tourbillon,
L'homme avec la cité, la fleur avec la dune !
Dieu brûla ces mornes campagnes ;
Rien ne resta debout de ce peuple détruit,
Et le vent inconnu qui souffla cette nuit
Changea la forme des montagnes.

Aujourd'hui le palmier qui croît dans le jardin
Sent sa feuille jaunie et sa tige sécher
À cet air qui brûle et qui pèse.
Ces villes ne sont plus ; et, miroir du passé,
Sur leurs débris éteints s'étend un lac glacé,
Qui fume comme une fournaise !
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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:26

Najam en colère

La flamme par ton ordre, ô Illustre, luit et dévore.
De ton peuple en grondant elle étouffe les cris,
Et, rougissant les toits comme une sombre aurore,
Semble en son vol joyeux danser sur leurs débris.

Le meurtre aux mille bras comme un géant se lève ;
Les palais embrasés se changent en tombeaux ;
Pères, femmes, époux, tout tombe sous le glaive ;

Les mères ont frémi ; les vierges palpitantes,
Ô calife ! ont pleuré leurs jeunes ans flétris,
Et les coursiers fougueux ont traîné hors des tentes
Leurs corps vivants, de coups et de baisers meurtris.

Vois d'un vaste linceul la ville enveloppée ;
Vois ! quand ton bras puissant passe, il fait tout plier.
Les prêtres qui priaient ont péri par l'épée,
Jetant leur livre saint comme un vain bouclier.

Les tout petits enfants, écrasés sous les dalles,
Ont vécu ; de leur sang le fer s'abreuve encore...
Ton peuple baise, ô Illustre, la poudre des sandales
Qu'à ton pied glorieux attache un cercle d'or!
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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:27

Guerre des Sables

La première voix
" Où suis-je...? mon cimettere ! à la tête ! Aux armes !
Frères, Vednoïa fumante nous réclame,
Les guerriers de Bassar ont investi ses remparts généreux.
Renvoyons leurs Ankars à leur ville lointaines,
Et que ma torche, ô capitaines
Soit un phare pour vous, soit un foudre pour eux !

" Partons ! Adieu Darek-Idnach et son haut promontoire,
Betnazar dont chaque temple porte un nom de victoire,
Bâtisses des cieux et du vent chéries,
Qui le jour paraissez des corbeilles fleuries,
La nuit, des vases parfumés !

" Adieu, fière patrie !
Ta jeune liberté par des chants se révèle ;
Des flots voilent tes murs, ville de vent !
Adieu ! j'aime ton centre où notre espoir se fonde,
Tes rocs battus d'éclairs et rongés par les sables !

" Frères, si je reviens, Vednoïa sauvée,
Qu'un temple nouveau au Très Grand soit élevé.
Si je meurs, si je tombe en la nuit sans réveil,
Si je verse le sang qui me reste à répandre,
Dans une terre libre allez porter mon corps,
Et déposez ma dépouille au soleil !


" Vednoïa ! - Les Bassars ! - Chassons, ô camarades,
Leurs catapultes de ses forts
Brûlons le capitaine sous la lune
Détruisons son palais et dans la pierre
C'est en lettres de feu que j'écrirai mon nom

" Victoire ! amis...!

La deuxième voix
" Oui, Vednoïa, tu vois ma cité et ma tête
Arrachée au cercueil pour orner cette fête.
Les Bassars m'ont poursuivi dans le désert
Vois ! Ces os desséchés sont leur dépouille opime.

" Écoute : Je dormais sur la dune,
Quand un cri m'éveilla : Vednoïa succombe !
Je me lève à demi dans la nuit du trépas ;
J'entends des bruits sourds les tonnantes volées,
Les clameurs aux clameurs mêlées,
Les chocs fréquents du fer, le bruit pressé des pas.

" J'entends, dans le combat qui remplissait la ville,
Des voix crier : " Défends d'une horde servile,
Ombre de Bassars infortunés ! "
Et moi, pour m'échapper, luttant dans les ténèbres,
J'achevais de briser sur les marbres funèbres
Tous mes ossements décharnés.

" Soudain, comme un volcan, le sol s'embrase et gronde... -
Tout se tait ; - et mon oeil ouvert pour l'autre monde
Voit ce que nul vivant n'eût pu voir de ses yeux.
De la terre, des dunes, du sein profond des flammes,
S'échappaient des tourbillons d'âmes
Qui tombaient dans l'abîme ou s'envolaient aux cieux !

Sur cette terre aujourd'hui notre destin s'achève.

Un homme est seul vivant dans ces hideux repaires,
Qui montrent nos lambeaux aux peuples à genoux ;
Car les autres témoins de ces fêtes fétides,
Ses eunuques impurs, ses muets homicides,
Ami, sont aussi morts que nous.

"Quels sont ces cris...? - C'est l'heure où ses plaisirs infâmes
Ont réclamé nos soeurs, nos filles et nos femmes.
Ces fleurs vont se flétrir à son souffle inhumain.
Le karbar impérial, rugissant dans sa joie,
Tour à tour compte chaque proie,
Nos vierges cette nuit, et nos têtes demain !

Voyant depuis vingt jours notre ville affamée,
J'ai crié : " Venez tous ; il est temps, peuple, armée !
Dans le saint sacrifice il faut nous dire adieu.


Cri de guerre
Fer, réveille-toi

En guerre les guerriers ! Mahojésir ! Mahojésir !
Écrasez, ô croyants du prophète divin,
Ces chancelants soldats qui s'enivrent de vin !

Vos sabres, vos turbans, le bruit de votre cor,
Vos tranchants étriers, larges triangles d'or,
Vos cavales échevelées !

Allez, allez, ô capitaines !
Et nous te reprendrons, ville aux dômes d'azur…
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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:27

Hymne à Bassar

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

J'aime le vrai soldat, effroi de Najam :
Son turban évasé rend son front plus sévère ;
Il baise avec respect la barbe de son père,
Il voue à son vieux sabre un amour filial,
Et porte un doliman percé dans les mêlées
De plus de coups que n'a de taches étoilées
La peau du karbar impérial.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Un bouclier de cuivre à son bras sonne et luit,
Rouge comme la lune au milieu d'une brume ;
Son betnir mâche un frein blanc d'écume ;
Un long sillon de poudre en sa course le suit.
Quand il passe au galop sur le pavé sonore,
On fait silence, on dit : C'est un lui !
Et chacun se retourne au bruit.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Quand dix mille guerriers viennent au son du cor,
Il leur répond ; il vole, et d'un souffle farouche
Fait jaillir la terreur du clairon qu'il embouche,
Tue, et parmi les morts sent croître son essor,
Rafraîchit dans leur sang son cimeterre écarlate,
Et pousse son coursier qui se lasse, et le flatte
Pour en égorger plus encor !

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

J'aime s'il est vainqueur, quand s'est tu le tambour,
Qu'il ait sa belle esclave aux paupières arquées,
Et, laissant les prêtres qui prêchent aux temples
Boire du vin la nuit, qu'il en boive au grand jour !
J'aime, après le combat, que sa voix enjouée
Rie, et des cris de guerre encor tout enrouée,
Chante les houris et l'amour !

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Qu'il soit grave, et rapide à venger un affront ;
Qu'il aime mieux savoir le jeu du cimeterre
Que tout ce qu'à vieillir on apprend sur le désert ;
Qu'il ignore quel jour les soleils s'éteindront,
Mais qu'il soit brave et jeune, et préfère à des rides
Des cicatrices sur son front.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Tel est le vrai guerrier croyant ! mais celui qui se vante,
Et qui tremble au moment de semer l'épouvante.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Celui qui d'une femme aime les entretiens ;
Celui qui ne sait pas dire dans une orgie
Quelle est d'un beau betnir la généalogie ;
Qui cherche ailleurs qu'en soi force, amis et soutiens,
Sur de soyeux divans se couche avec mollesse,
Craint le soleil, sait lire.

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.

Celui-là, c'est un lâche, et non pas un guerrier.
Ce n'est pas lui qu'on voit dans la bataille ardente
Le sabre en main, debout sur le large étrier

Ma dague d'un sang noir à mon côté ruisselle,
Et ma hache est pendue à l'arçon de ma selle.
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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:32

Riante Darek

Le dôme obscur des nuits, semé d'astres sans nombre,
Se mirait dans le désert resplendissant et sombre ;
La riante Darek-Idnach, le front d'étoiles voilé,
Semblait, couchée au bord des champs centraux,
Entre les feux du ciel et les arètes de la dune,
Dormir dans un globe étoilé.

On eût dit la cité dont les esprits nocturnes
Bâtissent dans les airs les palais taciturnes,
À voir ses grands harems, séjours des longs ennuis,
Ses dômes bleus, pareils au ciel qui les colore,
Et leurs mille croissants, que semblaient faire éclore
Les rayons du croissant des nuits.

L'oeil distinguait les tours par leurs angles marquées,
Les maisons aux toits plats, les flèches des temples,
Les moresques balcons en trèfles découpés,
Les vitraux, se cachant sous des grilles discrètes,
Et les palais dorés, et comme des aigrettes
Les palmeraies sur leur front groupés.

Là, de blancs minarets dont l'aiguille s'élance
Tels que des mâts d'ivoire armés d'un fer de lance ;
Là, des kiosques peints ; là, des fanaux changeants ;
Et sur le vieux sérail, que ses hauts murs décèlent,
Cent coupoles d'étain, qui dans l'ombre étincellent
Comme des casques de géants !

Au son des gais tambours, sur des tapis de soie,
Les courtisanes dansaient sous son lambris sacré ;
Et, tel qu'un roi couvert de ses joyaux de fête,
Superbe, il se montrait aux enfants du prophète : Mohajésir !

Livides, l'oeil éteint, de noirs cheveux chargés,
Ces têtes couronnaient, sur les créneaux rangées,
Les terrasses de rose et de jasmins en fleur :
Triste comme un ami, comme lui consolante,
La lune, astre des morts, sur leur pâleur sanglante
Répandait sa douce pâleur.

On dit qu'alors, tandis qu'immobiles comme elles,
Veillaient stupidement les mornes sentinelles,
Les trois têtes soudain parlèrent ; et leurs voix
Ressemblaient à ces chants qu'on entend dans les rêves,
Aux bruits confus du flot qui s'endort sur les grèves,
Du vent qui s'endort dans les bois !
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Message  La voix des sables Jeu 21 Avr - 19:33

LES DJINNS

Murs, ville,
Mer d'or
De mort,
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

C'est le galop.
Il fuit, s'élance

La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'un arbre séché,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !

Cris de l'enfer ! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les champs centraux
Frissonnent tous les grands Alabaqs,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible...

D'étranges syllabes
Nous viennent encore

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
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